Mais où sont mes photos quand je travaille avec Lightroom ? L’adoption de Lightroom peut être déconcertante pour l’organisation des fichiers. Si on a l’habitude d’un logiciel de traitement d’images classique, on va chercher les fichiers directement sur son disque dur, pour les modifier une par une, dupliquer les fichiers pour faire une nouvelle version, sauvegarder les originaux en cas de problème. Avec Lightroom, cette transparence laisse la place à ce que de nombreux utilisateurs perçoivent, avec quelques raisons, comme une boite noire : le logiciel « importe » mes photos et après je ne sais plus très bien ce qui se passe.

On peut très bien décider d’ignorer ce qu’il advient des fichiers… tant que ça marche. Mais en cas de problème, ou tout simplement parce qu’on aime bien savoir ce qui se passe avec nos précieuses photos, il n’est pas superflu de comprendre ce qui se passe en coulisses. Il faut dès le départ préciser que vos photos mangées par Lightroom ne sont pas en danger : les originaux sont toujours là, intacts et prêts à être repris à zéro si besoin. En effet, son principe même de fonctionnement repose sur l’enregistrement d’une série d’instructions à appliquer sur un original, Adobe utilisant le terme de « retouches non destructives ». Les réglages appliqués dans LR sont enregistrés dans sa base de données, pour être appliqués à la photo quand vous « exportez » la photo, ou encore lancez une impression.

Suivons ce qu’il advient des fichiers lors des différentes étapes de travail, en parallèle dans Lightroom.

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J’ai importé deux photos depuis un dossier « où sont mes photos », une au format jpg (plage.jpg), l’autre au format raw (ange.nef). Je vois ce dossier sur mon disque dur, avec deux fichiers. Si j’avais importé depuis un appareil photo ou demandé la copie de fichiers existants, LR aurait créé un dossier à l’emplacement désiré.

LR affiche les deux aperçus des photos, et indique la localisation des fichiers dans l’onglet Dossiers.

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Je modifie ces photos : recadrage carré de plage, modifications de couleur de l’ange, création d’une copie virtuelle de l’ange en noir & blanc. Nous avons donc 3 photos dans Lightroom.

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Que s’est-il passé sur mon disque dur ? Rien. Toujours les mêmes deux fichiers originaux. Si j’ouvre ces fichiers avec une autre application, ce seront bien les images de départ, sans prise en compte des modifications de Lightroom.

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Je décide de modifier plage.jpg dans un logiciel externe depuis LR, avec un clic droit et Modifier dans Adobe Photoshop (le logiciel préféré est choisi dans les préférences), LR donne le choix entre 3 formules bien expliquées :

  • Modifier l’original : ouverture du fichier d’origine, les réglages Lightroom ne seront pas visibles
  • Modifier une copie : LR duplique le fichier et ouvre ce duplicata sans y appliquer les réglages
  • Modifier une copie avec les réglages Lightroom : permet de pousser plus loin la retouche de la photo.

Prenons cette dernière option : dans la bibliothèque de LR la copie apparaît immédiatement, et s’ouvre dans Photoshop. LR lui donne un nom composé du nom du fichier original et d’un suffixe paramétrable dans les préférences. J’ai maintenant 3 fichiers sur le disque avec le nouveau plage-mod.psd.
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Mes retouches Photoshop incorporent plusieurs calques, que je laisse empilés dans le fichier .psd. Ce fichier enregistré et fermé, LR visualise bien l’état de l’image telle que travaillée dans Photoshop.

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Je peux y apporter des modifications comme pour toute autre photo. Par exemple ici, je désature les rouges.
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Si je l’ouvre à nouveau en demandant à conserver les réglages Lightroom, elle s’ouvrira avec un seul calque dans lequel auront été fusionnés les calques Photoshop aplatis et les réglages Lightroom.

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4 fichiers sont maintenant sur mon disque : plage-mod-mod.psd a été ajouté.

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Cette modification ne m’intéresse finalement pas : depuis LR, je supprime le fichier, en ayant le choix de le supprimer de la bibliothèque LR mais de le conserver sur le disque, ou de le supprimer également du disque.
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Si par contre, je jette le ficher à la poubelle directement depuis le disque, il ne disparaît pas de LR. Je peux continuer les modifications. Ce n’est que quand je demande l’exportation de la photo que LR me dit que ce n’est pas possible car il ne trouve pas le fichier, et me propose de le rechercher.

Cela peut surprendre que LR ne zappe pas immédiatement l’image supprimée, mais le bénéfice est de pouvoir traiter des photos sans les avoir sur un disque relié à l’ordinateur, par exemple faire un editing avec un client sur un portable sans être contraint d’embarquer tous les originaux.

Retour à la photo plage.jpg retouchée avec LR. Je vous entends d’ici : « si l’original n’a pas été touché, où est ma photo avec les bons réglages ? Car si je n’ai plus mon catalogue Lightroom, j’ai perdu tout mon travail de développement, je préfère donc en avoir un fichier « en dur » en plus de cette copie un peu trop virtuelle à mon goût ». Idem si vous créez des « copies virtuelles » pour tester plusieurs versions de réglages : les copies n’existent que dans Lightroom et pas sur votre disque dur.
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Vous pouvez procéder de plusieurs manières : ouvrir comme on l’a fait une copie avec les réglages Lightroom et l’enregistrer. Ou exporter la photo, ce qui vous donnera l’opportunité de choisir dans le détail la manière dont la photo va être enregistrée (format jpg, psd, tif, dng, taille, nom, emplacement…).

Je l’enregistre en .tif dans un dossier « Sauvegarde développement Lightroom », mais finalement je décide de le déplacer et le glisse depuis le disque dur dans le dossier de travail « où sont mes photos ? ». La manip ayant été faite en dehors de LR, le nouveau fichier TIF n’apparaît pas spontanément dans la planche de photos de Lightroom : je dois aller dans le menu Bibliothèque, choisir Synchroniser le dossier pour l’importer.
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Lightroom sauvegarde donc ses réglages dans sa base de données (qui se termine par .lrcat) et donne l’option de les sauvegarder également dans l’en-tête des fichiers jpg, tif et psd, ainsi que de créer des fichiers annexes .xmp pour les fichiers raw. Cela se règle non pas dans les préférences mais dans le menu Fichier > Paramètres du catalogue.
Si l’option « inclure les paramètres de développement… » est cochée, la photo jpg sera ouverte dans les applications compatibles (comprendre Adobe) avec les modifications Lightroom. LR va inscrire dans l’en-tête du fichier jpg des instructions de développement. En cochant « Ecrire automatiquement les modifications en XMP », pour les fichiers raw, LR va faire de même, mais en créant un petit fichier séparé .xmp.

Ces options sont activables pour l’ensemble de la photothèque via ce menu Paramètre du catalogue, ou ponctuellement sur une photo en actionnant commande-S / ctrl-S. Cette dernière solution est à préférer si votre système est un peu lent, évitant ainsi une opération d’écriture à chaque modification de photo.

LR intro xmp GC
LR intro xmp GC 2
Ouvrons le fichier plage.jpg depuis le disque dur avec Graphic Converter, qui permet d’afficher les informations texte inscrites dans le fichier. On retrouve les informations exif laissées par le Nikon à la prise de vues, comme par exemple :

exif:ExposureTime= »1/40″
exif:ShutterSpeedValue= »5321928/1000000″
exif:FNumber= »56/10″
exif:ApertureValue= »4970854/1000000″

Un peu plus loin, des lignes commencent par « crs » (CR comme Camera Raw, le moteur de Lightroom), entre autres :

crs:Version= »4.4.1″
crs:WhiteBalance= »Custom »
crs:IncrementalTemperature= »-52″
crs:IncrementalTint= »-64″
crs:Exposure= »+0.65″
crs:Shadows= »0″
crs:Brightness= »+86″
crs:Contrast= »0″
crs:Saturation= »+15″
crs:FillLight= »5″
crs:Vibrance= »+50″
crs:HighlightRecovery= »95″

On voit que les valeurs correspondent aux réglages effectués dans Lightroom. Tout logiciel capable de lire ces informations saura reproduire ces réglages et afficher la photo modifiée, même en l’absence de Lightroom. Les autres les ignoreront purement et simplement et afficheront l’original.
LR intro xmp Apercu
LR intro xmp photoshop
Le même fichier plage.jpg ouvert par Aperçu, le visualiseur d’images du Mac, et par Photoshop : Photoshop lit les données inscrites par Lightroom.

Quand donc on dit que Lightroom est non destructif et ne touche pas les originaux, ce n’est pas tout à fait exact car il insère (sur demande) dans l’en-tête du fichier un code spécifique qui permet de sauvegarder les modifications faites dans le programme.

Pour les fichiers RAW, comme par principe on ne touche pas à un fichier RAW, les informations sont stockées dans un fichier de données qu’on appelle « sidecar », au format universel XMP / XML, qui reprend les données EXIF enregistrées par l’appareil et les données de traitement de Lightroom. Seuls Lightroom et les autres logiciels Adobe sauront interpréter ces dernières. Si vous avez opté pour le format DNG, créé par Adobe, ces instructions seront incorporées dans le fichier plutôt que jointes dans le fichier .XMP.

La gestion des fichiers de Lightroom est donc, comme le montre cette longue démonstration, optimisée pour le traitement photographique des images, permettant de procéder à de multiples corrections sans pour autant alourdir son disque dur et en préservant les originaux.