Cherchez bien (regardez bien) : il y a un rapport entre cette célèbre photo de W Eugene Smith, prise en 1956 à Pittsburg et le thème du dossier « Labo numérique » de ce numéro 243 de Réponses Photo.

L’édito de Sylvie nous en donne la clef :

Notre histoire

En choisissant la célèbre photo de William Eugene Smith en couverture nous avons volontairement mis l’accent sur un pan de l’histoire de la photo. Et quelle histoire ! Celle qui vit naître l’essai photographique dans les années 50. Smith inventa cette façon de raconter le réel au travers de reportages devenus mythiques, dont celui consacré à Pittsburgh qui fait l’objet d’une exposition au Pavillon Populaire à Montpellier. Pourquoi revenir sur cette époque de l’histoire de la photographie à l’heure d’Internet et du numérique ? Parce que je crois profondément qu’il faut connaître ce passé pour mieux aborder le présent et même le futur.

Eugene Smith s’est battu (y compris physiquement !) pour imposer sa vision du monde et son regard d’auteur. Une vision engagée vis-à-vis de la société mais aussi vis-à-vis de son métier, lui qui voulait en maîtriser toutes les étapes, de la prise de vue au laboratoire (il développait et tirait lui-même tous ses négatifs), mais aussi – et surtout – l’utilisation finale de ses images. C’est suite à ses nombreux désaccords sur l’utilisation de ses photos dans Life, que Smith claquera la porte du magazine après dix ans d’une brillante collaboration.

Ce photographe majeur, obsessionnel et intransigeant, était aussi un grand tireur, capable de passer des heures, voire des jours sur un seul négatif. Et si Smith mettait autant de temps à tirer certaines de ses images c’est parce qu’il n’hésitait pas à intervenir sur le négatif original, à le retoucher, à le fusionner avec un autre négatif. Du coup, il a parfois été critiqué par ­certains puristes qui voyaient dans ces petits arrangements avec le réel une trahison du reportage photographique.

La pratique de la chambre noire est un des aspects les plus passionnant de l’exposition à Montpellier où l’on découvre aussi les tirages de lecture réalisés par Smith. Trop souvent les expositions font l’impasse sur cette question pourtant centrale qu’est le tirage, l’interprétation d’un négatif (ou d’un fichier), comme s’il était indigne d’aller voir ce qui passe dans les laboratoires. Or c’est tout le contraire ! Pour comprendre le style d’un auteur, pour saisir sa sensibilité, pour appréhender son “message”, il est important de connaître les coulisses de la création. Ainsi, sur la photo que nous avons choisie pour notre couverture, les reflets sur les lunettes sont obtenus par superposition au labo d’un ­deuxième négatif représentant les cheminées d’usine. Ce “montage” permet de comprendre que Smith était un photojournaliste qui travaillait comme un artiste ! Il assumait totalement sa subjectivité à Pittsburgh, comme à Minamata ou dans le fameux “Village espagnol” publié par Life en 1951… Être subjectif tout en restant dans le témoignage réaliste, tel est le défi de Smith qui déclarait : “Qu’un travail soit une distorsion totale du réel, voici ce qui est criminel.”

Subjectivité, réalisme, retouche… Comment ne pas voir dans l’approche de Smith une parfaite analogie avec les questions que soulève actuellement le labo numérique ? Du coup, même si à première vue, il n’y a aucun rapport entre le Pittsburgh de Smith en 1956 et l’utilisation en 2012 des logiciels Photoshop et Lightroom, nous avons eu envie de réunir ces deux dossiers dans ce numéro ; parce qu’au-delà des outils ­techniques, les questions qui agitent la nature propre de la photographie, restent finalement les mêmes…

Sylvie Hugues

Voici donc numéro qui, comme toute l’équipe s’efforce de le faire chaque mois, rapproche toutes les dimensions de la photographie : esthétique, technique, pratique…

J’ai eu le plaisir de préparer les dossiers labo numérique sur Photoshop et Lightroom et Mon portfolio est un iPad, si vous avez des questions complémentaires, n’hésitez pas… L’article suivant vous donne les liens vers les apps mentionnées dans l’article, et j’aimerais recueillir votre avis : pour ou contre présenter ses photos sur tablettes ?

Le sommaire du numéro (cliquez pour agrandir)

Et comme chaque mois quelques pages pour vous mettre en appétit

Les portfolios :

Spécial Labo numérique :

Matos (et aussi l’annonce du nouveau Nikon D3200, et le test complet du Canon 5D Mk III)

 

Les rubriques habituelles : l’exemple vaut mieux que la leçon, actus, expos, stages…

 

Et de grands concours ! A ce propos, précisions que le thème du concours RP/Fuji Film porte bien sur la ville (urbanisme) et non sur la politesse (urbanité)… Peut être aurez-vous des points supplémentaire si vous combinez les deux ! (non, je rigole)

Bonne lecture !